« L’épiphanie : cette apparition soudaine »
Peut-être est-ce une question de lumière et de couleurs, peut-être est-ce une question de métaphysique mais j’ai été souvent attirée par des espaces clos: les jardins. J’ai sillonné de nombreux jardins botaniques: Paris, Bâle, Lisbonne, Bruxelles, Berlin et celui de Cluj en Roumanie à l’occasion d’une résidence d’artiste. Fascinée par ces lieux, éblouie par les prunus en fleurs, j’ai aimé ces moments suspendus d’instants éphémères.
De ce point de vue le terrain autour de mon atelier a suscité ma curiosité, un jardin sauvage était là présent sous mes yeux, il n’avait pas les particularités des jardins de ville. J’ai eu le désir d’étudier cette biodiversité urbaine. J’ai entrepris de faire le relevé botanique autour du site industriel DMC à Motoco où se situe mon atelier. Motoco (More To Come) est situé dans un bâtiment industriel qui abrite plus d’une centaine d’artistes et fait partie d’un complexe monumental de la société DMC (Dolfuss-Mieg et Compagnie). L’entreprise DMC continue et est l’héritière des célèbres manufactures textiles mulhousiennes. Sur ce site les plantes rudérales surgissent de nulle part et manifestent partout leur capacité d’adaptation et leur exceptionnelle vigueur. J’ai répertorié les fleurs avec un botaniste Edmond Herold: nous avons arpenté ce territoire et recherché « les mauvaises herbes ».
Cueillir, se laisser surprendre, observer le vivant, m’émerveiller, me laisser surprendre: 140 fleurs cueillies, pressées, nommées, numérisées, j’ai pris le temps.